VIH : 17 % des nouveaux cas concernent les moins de 25 ans en 2024

Publié le 19 novembre 2025

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VIH : 17 % des nouveaux cas concernent les moins de 25 ans en 2024

Article : William Morel

Chronique

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, plusieurs acteurs institutionnels, associatifs et universitaires ont présenté un panorama complet de la santé sexuelle des jeunes en France. Les données dévoilées font état d’une hausse préoccupante des infections sexuellement transmissibles (IST) et d’un rebond des contaminations au VIH, dans un contexte où les jeunes restent encore insuffisamment sensibilisés à la prévention et au dépistage


Le VIH et les IST en 2025 : une situation fragile

Selon les données présentées par le Dr Claudine Duvivier, environ 40,8 millions de personnes vivent aujourd’hui avec le VIH dans le monde, tandis que 1,3 million de nouvelles infections ont été recensées en 2024. La France demeure particulièrement concernée : 5 100 personnes ont découvert leur séropositivité en 2024, dont 17 % ont moins de 25 ans. Près de 43 % des diagnostics sont effectués à un stade tardif, compliquant la prise en charge médicale.

Les IST bactériennes poursuivent également leur progression, notamment la chlamydia avec plus de 61 000 cas, la gonorrhée (25 800 cas) et la syphilis (6 500 cas). L’Île-de-France concentre la majorité des diagnostics, confirmant sa place comme région particulièrement touchée.

Une jeunesse exposée et insuffisamment informée

Les médecins et acteurs de terrain alertent sur un déficit d’éducation sexuelle, malgré les obligations légales. Le recul de l’usage du préservatif, les inégalités territoriales d’accès aux soins, les tabous persistants autour de l’orientation sexuelle et des pratiques, ainsi que la méconnaissance des outils de prévention (PrEP, TPE, dépistage rapide), constituent des obstacles majeurs à une stratégie efficace.

Les réalités sociales réaffirment l’importance d’une approche pluraliste : parcours hétérogènes, vulnérabilités multiples, précarité étudiante ou encore risques liés à l’usage de drogues. Des dispositifs comme les Espaces Santé Jeunes ou les CeGIDD permettent de réduire ces barrières d’accès au soin, tout en accueillant les publics les plus vulnérables, notamment les jeunes en rupture ou victimes de violences sexuelles.

Des discriminations toujours frein au dépistage

Le dossier souligne l’impact majeur des discriminations sur la santé sexuelle des jeunes LGBTQIA+. Près de 48 % des personnes concernées déclarent avoir subi des violences ou discriminations, entraînant un renoncement massif aux soins. Les jeunes LGBTQIA+ précaires sont particulièrement affectés : 44 % d’entre eux ont renoncé à consulter un professionnel par crainte de rejet.

Le Centre LGBTQIA+ Paris Île-de-France et la Région Île-de-France multiplient les actions de prévention, de soutien juridique et social, et de lutte contre l’isolement, au travers de permanences, campagnes de prévention et événements permettant de diffuser informations et matériel préventif.

Les universités au cœur de la prévention

Les établissements d’enseignement supérieur jouent un rôle stratégique : distribution de préservatifs, dépistages TROD, formations du personnel, campagnes d’information, intégration des questions de santé sexuelle dans la vie étudiante. Le CROUS de Versailles et l’Université CY Cergy multiplient les initiatives pour toucher les 26 000 étudiants fréquentant leurs structures, notamment via les services de santé étudiante et les partenariats associatifs

Modernisation des outils de prévention : l’essor des autotests et de la PrEP

Les autotests VIH deviennent un pilier de la prévention moderne, permettant un dépistage autonome et confidentiel. Les tests rapides TROD, disponibles en associations, pharmacies ou lors d’événements, offrent un résultat en quelques minutes. Ces outils visent à réduire les diagnostics tardifs et renforcer l’accès au dépistage des jeunes, publics parfois éloignés des structures traditionnelles.

L’innovation se poursuit avec la PrEP injectable, administrée tous les six mois. Ce mode de prévention, encore en déploiement, facilite l’adhésion et réduit la contrainte du traitement quotidien. Il constitue une avancée majeure pour les publics vulnérables, notamment les HSH non identitaires.

HF Prévention : aller vers les jeunes

HF Prévention, opérateur national spécialisé dans la prévention santé, mène chaque année plus de 14 000 dépistages, notamment auprès des 18-25 ans. Les équipes interviennent en milieux ouverts (universités, centres commerciaux, lieux de rencontre) et mettent en œuvre des actions ciblées incluant dépistage rapide, accompagnement psychologique, prévention des risques liés aux drogues et sensibilisation à la PrEP.

Les données recueillies révèlent une forte exposition aux risques : 70 % des jeunes dépistés déclarent un multipartenariat sexuel, 66 % la consommation d’alcool avant les rapports, et 37 % l’usage de produits psychoactifs. 18 % rapportent des violences sexuelles subies.

Les collectivités locales en première ligne : l’exemple de Champigny-sur-Marne

La Ville de Champigny-sur-Marne a présenté une politique sanitaire territorialisée fondée sur la proximité, la prévention et la réduction des inégalités. Les deux Centres Municipaux de Santé intégrant CeGIDD, consultations spécialisées, actions éducatives et accompagnement social, illustrent un modèle de maillage local permettant d’atteindre les publics éloignés du soin. La commune mène également des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires, associations et centres d’hébergement.

Un engagement symbolisé par le lieu de la conférence

Le choix du Pullman Paris Montparnasse reflète un engagement fort de l’établissement en matière de responsabilité sociale, environnementale et territoriale, notamment via des actions d’inclusion, de réduction des déchets et de partenariats solidaires locaux.

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