
À l’occasion de la Journée internationale contre la perte et le gaspillage alimentaires (29 septembre) et de la Journée nationale contre le gaspillage alimentaire (16 octobre), Comerso, pionnier de l’économie circulaire, rappelle combien l’enjeu de la lutte anti-gaspi se joue dans nos territoires.
Comme le souligne son directeur général Pierre-Yves Pasquier, les lois nationales fixent un cadre indispensable. Cependant, la bataille se gagne localement, grâce à des circuits courts qui relient distributeurs, associations et bénéficiaires.
Cette mobilisation touche toutes les régions de France, en métropole comme en outre-mer. Elle repose sur des initiatives multiples : campagnes de sensibilisation, solutions technologiques, conserveries solidaires et réseaux RÉGAL. Toutes convergent vers un même but : réduire le gaspillage alimentaire et répondre à la précarité.
Comerso : une force motrice pour sauver les invendus
Comerso, entreprise B Corp, agit depuis plus de douze ans contre le gaspillage alimentaire et non alimentaire. Sa solution numérique et logistique permet aux industriels et grandes enseignes de revaloriser leurs invendus et de faciliter les dons aux associations locales.
Quelques chiffres clés illustrent son impact :
- 137 000 tonnes de marchandises sauvées et 232 millions de repas redistribués depuis sa création.
- 2 500 associations partenaires et 2 800 clients en France et en Espagne.
- 338 036 collectes et 228 millions de produits sauvés depuis janvier 2024.
- 301 millions d’euros de marchandises revalorisées.
Au-delà de l’écologie, ces actions répondent à une urgence sociale. En effet, la précarité alimentaire progresse et les demandes d’aide explosent. Chaque collecte de dons répond à un besoin concret : familles modestes, étudiants, personnes âgées isolées. Ainsi, un invendu devient une ressource locale et un véritable levier de solidarité.
Pourquoi gaspille-t-on autant en France ?
Selon l’ADEME, la France génère 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires par an. Parmi elles, 4 millions de tonnes sont encore comestibles.
La répartition de ce gaspillage est la suivante :
- 40 % provient des foyers,
- 32 % de l’agriculture,
- 14 % de la restauration,
- 14 % de la distribution.
Ces chiffres montrent que le gaspillage est l’affaire de tous : producteurs, distributeurs, restaurateurs et consommateurs.
Les réseaux RÉGAL et la loi anti-gaspillage
Pour structurer l’action, l’État et les Régions ont mis en place les RÉseaux pour Éviter le Gaspillage ALimentaire (RÉGAL). Aujourd’hui, on compte cinq réseaux régionaux et plusieurs réseaux locaux.
Leur rôle est clair : diagnostiquer les pratiques, fédérer les acteurs, partager les solutions et encourager les dons alimentaires.
De plus, la loi du 11 février 2016 oblige les grandes surfaces à signer des conventions avec des associations. Résultat : moins d’invendus jetés et davantage de produits redistribués.
Tour de France des initiatives anti-gaspi
Pour comprendre comment ces principes prennent vie, parcourons ensemble les régions françaises.
Île-de-France : innovation logistique et projets urbains
Région la plus peuplée, l’Île-de-France concentre de nombreux besoins. Comerso y collabore avec 376 clients (Carrefour, Decathlon, Leroy Merlin…) et 241 associations (Restos du Cœur, Croix-Rouge, Bibliothèques Sans Frontières…). Depuis janvier 2024, plus de 31 millions de produits y ont été sauvés.
Le Conseil régional soutient aussi la création d’une conserverie anti-gaspillage dans le XXᵉ arrondissement de Paris. Ce projet prévoit de transformer les invendus en conserves et biscuits, tout en proposant un service de restauration zéro déchet. Objectif : revaloriser 7 à 8 tonnes d’aliments chaque année.
Grand Ouest : Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Hauts-de-France
Bretagne : conserveries solidaires et lien social
En Bretagne, la Conserverie Solidaire collecte les surplus de production et apprend à les transformer. Objectif : limiter les pertes, rendre l’alimentation locale accessible et créer du lien social.
Pays de la Loire : « Ma Région Anti-Gaspi »
Lancée en 2023, cette initiative fédère les Banques alimentaires et SOLAAL. Grâce à la plateforme Proxidon, les petits commerces donnent désormais leurs invendus aux associations. Résultat : plus de produits sauvés et un meilleur approvisionnement pour les cinq banques alimentaires de la région.
Normandie : glanage et sensibilisation
Le RÉGAL Normandie, animé par FNE, encourage le glanage : récolte des légumes laissés dans les champs pour les redistribuer. Des ateliers scolaires et le défi « Assiettes vides » sensibilisent aussi les jeunes et les convives des cantines.
Hauts-de-France : frigos solidaires et recyclage du pain
Dans la Thiérache, le RÉGAL local a développé des diagnostics dans les cantines, installé des frigos solidaires et même testé le Crumbler, une machine qui transforme le pain rassis en chapelure.
Sud-Ouest : circuits courts et conserveries
Occitanie
La conserverie Boc’Alenvers transforme les fruits et légumes invendus en bocaux. Elle crée aussi des emplois d’insertion, prouvant qu’écologie et solidarité peuvent aller de pair.
Nouvelle-Aquitaine
À Bergerac, l’Atelier des Maraîchers valorise les surplus des producteurs locaux. Les fruits et légumes invendus sont transformés en conserves vendues à prix abordables.
Sud-Est : technologie, glanage et conserveries mobiles
Auvergne-Rhône-Alpes
Avec le programme « La Région dans mon assiette », les cantines scolaires réduisent leurs déchets. Grâce à un outil numérique, les portions sont adaptées : le gaspillage est passé de 52 g à 43 g par élève et par repas.
Provence-Alpes-Côte d’Azur
L’association L’Économe a lancé une conserverie mobile. Installée dans un camion, elle se déplace directement chez les producteurs pour transformer leurs invendus. Résultat : moins de pertes, plus de produits revalorisés.
Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté
Grand Est
La Conserverie Naborienne à Saint-Avold transforme les invendus en soupes, coulis et confitures. Ce chantier d’insertion emploie quinze personnes et collabore avec 200 partenaires.
Bourgogne-Franche-Comté
À Lainsecq, La Bocoterie rachète les surplus maraîchers et les vend en bocaux consignés. Cette jeune entreprise conjugue circuits courts, lutte anti-gaspillage et rémunération équitable des producteurs.
Centre-Val-de-Loire : un réseau en construction
La région vise une réduction de 80 % du gaspillage d’ici 2031. Pour cela, un appel à projets a été lancé pour créer un RÉGAL régional.
Les premières actions sont déjà visibles : campagne « Réduc’Gaspi » dans 36 lycées, création de conserveries locales et développement des circuits courts. La coordination reste toutefois un enjeu majeur.
Les territoires ultramarins en action
- La Réunion : Carrefour, avec Phenix, a sauvé 402 343 repas entre janvier et juin 2025.
- Guadeloupe, Martinique, Guyane : l’appli Gaspiz propose des « paniers surprise » d’invendus. Plus de 15 000 utilisateurs et 9 000 commandes ont déjà été enregistrés.
- Mayotte : le programme « Mieux Manger pour Tous » encourage les magasins à donner leurs invendus aux associations.
- Saint-Pierre-et-Miquelon : la FNE organise des ateliers où les fruits et légumes rejetés deviennent des soupes ou smoothies.
- Polynésie française : un projet de loi prévoit d’imposer aux grandes surfaces de donner leurs produits invendus et d’encourager fiscalement les dons.
- Nouvelle-Calédonie : le programme « Mange bien, jette moins » installe des tables de tri dans les cantines pour mesurer et réduire les déchets.
- Wallis-et-Futuna : des ateliers de cuisine anti-gaspillage sont organisés lors de la Semaine européenne de la réduction des déchets.
Pourquoi cette mobilisation est essentielle
Les associations constatent une hausse de la demande d’aide alimentaire. Pourtant, dans le même temps, les dons diminuent.
Lutter contre le gaspillage alimentaire apporte donc un triple bénéfice :
- Économique : les entreprises réduisent leurs coûts de déchets.
- Environnemental : chaque tonne sauvée évite des émissions de gaz à effet de serre.
- Social : les denrées redistribuées nourrissent les plus fragiles.
Agir localement pour un impact global
La lutte contre le gaspillage alimentaire ne dépend pas uniquement des lois. Elle se joue aussi dans une multitude de petites actions : conserveries, frigos solidaires, glanage, applications numériques, projets scolaires.
En participant à ces initiatives — en donnant, en consommant mieux ou en soutenant une association — chacun peut transformer des invendus en ressources utiles.