La Région Île-de-France a organisé les Assises régionales de l’eau en agriculture. Cette réunion a réuni acteurs de l’eau, agriculteurs, services de l’État et collectivités, dans le but de définir les pistes d’adaptation de l’agriculture francilienne face à un climat en mutation. Objectif : anticiper les effets du changement climatique et accompagner les exploitations franciliennes vers des solutions hydrauliques adaptées.
Un contexte climatique local alarmant
Selon les projections du programme Explore 2, qui modélise l’évolution du climat et de la ressource en eau à l’horizon 2100, les précipitations en Île-de-France devraient augmenter de 22 % en hiver, mais diminuer de 13 % en été. Ces changements hydrologiques se traduiront par des saisons très contrastées : des excès d’eau en hiver, mais des sécheresses estivales plus fréquentes et potentiellement sévères. Pour l’agriculture, cela constitue un défi considérable.
Des mesures concrètes : guichets hydrauliques, irriguation, stockage
Pour répondre à l’urgence, la Région a annoncé l’ouverture, de deux guichets “FEADER” destinés à financer des systèmes hydrauliques agricoles. L’aide commencera à partir de 5 000 €. L’objectif est de permettre aux exploitations franciliennes, individuelles ou collectives, d’investir dans des infrastructures adaptées pour sécuriser la ressource en période de sécheresse. Dans le même temps, la Région plaide pour une politique volontariste de recharge des nappes souterraines jugées comme “l’eau la plus économique, la plus propre et la mieux protégée de l’évaporation” ainsi qu’une réglementation locale plus réactive, autorisant des prélèvements supplémentaires quand les nappes sont pleines.
Ces dispositifs permettront de financer :
- irrigation goutte-à-goutte ou par aspersion,
- retenues d’eau,
- forages,
- modernisation des réseaux,
- pompes et systèmes de pilotage,
- réutilisation d’eau.
La Région soutiendra également les Plans Territoriaux de Gestion de l’Eau, considérant que les solutions efficaces émergent avant tout au plus près du terrain.
Une région agricole en mutation
Si l’Île-de-France n’est pas parmi les régions les plus consommatrices d’eau agricole, les surfaces irriguées ont tout de même progressé de 14 % entre 2010 et 2020. Avec près de la moitié du territoire consacré à l’agriculture et environ 4 500 exploitations, l’adaptation devient un enjeu majeur. Garantir leur pérennité nécessite donc de repenser dès aujourd’hui la gestion de l’eau.
Préservation des sols et lutte contre l’artificialisation
La Région n’est pas nouvelle dans la lutte contre le changement climatique. Elle participe déjà au Plan régional d’adaptation au changement climatique (PRACC) : À travers son Plan Zéro Artificialisation Nette, la Région poursuit la protection de près de 40 000 hectares de terres agricoles.
Le PRACC (Plan régional d’adaptation au changement climatique) a permis :
- la désimperméabilisation de 463 000 m² de sols,
- la revégétalisation de 3,5 millions de m²,
- la plantation de plus d’un million d’arbres depuis 2016,
- la création de 434 km de haies et 40 km de berges restaurées,
- le financement de 380 projets de renaturation,
- le développement de l’objectif des 1 000 mares, destiné à renforcer les zones humides.
Le but ? Bâtir des territoires plus résilients.
S’inscrire dans une stratégie globale d’adaptation : le rôle de la Région
Le PRACC, fixe plusieurs objectifs : rénovation énergétique, végétalisation, réduction de l’imperméabilisation, mais aussi adaptation du secteur agricole. La Région s’appuie sur des fonds européens pour financer ces mesures, et affirme sa volonté de mener une “gestion dynamique, non idéologique” de la ressource en eau, adaptée aux spécificités locales.
l’initiative des Assises de l’eau agricole marque un tournant pour l’agriculture francilienne, mise à l’épreuve du changement climatique. En combinant aides financières, accompagnement et stratégie d’adaptation, la Région Île-de-France prépare un avenir où eau et agriculture pourront coexister durablement. A la fois grande métropole européenne et territoire agricole majeur, la région entend bien garantir la pérennité de ses exploitations et optimiser l’usage de la ressource en eau face aux défis climatiques à venir.
